Un beau et terrible documentaire inédit (d'Emil Weiss, 2007) vu sur Arte le MERCREDI 23 janvier à 21H00. Le sujet nous fait entrer dans l'intimité du processus de destruction des Juifs à Auschwitz puisque les sonderkommandos étaient chargés des opérations de réception, gazage et incinération des cadavres.
C'est un documentaire saisissant. toutes les voix sont off, il n'y a pas trace d'un humain sur les images. Auschwitz, ses ruines, les ruines des crématoires sont les seuls acteurs visibles. Les textes lus sont ceux écrits par des membres des sonderkommandos rescapés ou pas, et celui du médecin du sonderkommando. Tous sont terriblement précis dans le déroulement de l'horreur. La description des tâches est d'une minutie sordide: comment la comprendre? il faut se rappeler que les survivants craignaient de ne pas être crus. Il faut voir dans les descriptions de l'horreur cette volonté de prouver, quand les crématoires, eux-mêmes, ont disparu, dynamités par les nazis. (La description du brûlement des corps par Henryck Tauber relève de cette volonté de témoigner. Son récit, durant l'audition au procès de Cracovie mai 1945, est à lire p. 196-217 dans un livre paru chez Calmann-Lévy, avec le Mémorial de la Shoah, Des voix sous la cendre, manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau. Il contient entre autres les textes des Sonderkommandos éliminés retrouvés sous les cendres de Birkenau ).
Le médecin du Sonderkommando quant à lui donne des précisions éclairantes sur l'état d'esprit de ceux qui étaient chargés de ces tâches morbides. Quoique bien nourris ils sont soumis à un stress lié au rythme imposé et bien sûr et surtout à la difficulté de participer à la shoah: Langfus un du sonderkommando se sent aussi coupable de tuer des Juifs lorsqu'une fillette lui crache au visage qu'il est l'assassin des Juifs.
Le documentaire qui suit (21H50) Il faudra raconter concerne la mission que quatre rescapés d'Auschwitz se sont donnée de raconter l'indicible. Inlassablement ils racontent aux jeunes leurs souffrances, témoignent pour ceux qui ne sont pas revenus. Un moment intéressant entre tous, lorsqu'un des rescapés d'Auschwitz, germanophone, s'adresse à des étudiants allemands: ceux-ci expriment -en fait peu prennent la parole- la douleur du poids de la culpabilité: se sentir coupable de ce que les grands-parents ont fait, approuvé ou laissé faire. On sent bien en la matière que ce sentiment de culpabilité est difficile à supporter. Une autre jeune fille intervient et explique comment la question est éludée par les grands-parents et les parents...on en parle pas, mais on laisse encore planer cette idée -qui doit renverser la culpabilité- qu'après tout les Juifs avaient peut-être mérité leur sort, ce qui conduit à minimiser la culpabilité des bourreaux. Interprétation terrible qui rend encore plus et toujours nécessaire l'enseignement de cette histoire que les victimes sont toujours des victimes.
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